COBE
Projet finaliste au concours d'Architecture
L’échappée Riopelle
Au cours de derniers mois, nous avons travaillé, en collaboration avec COBE et l’équipe pluridisciplinaire formée avec TetraTech, EXP et Altus, une proposition finaliste au concours d’architecture de l’Espace Riopelle du MNBAQ. C’est avec un grand sentiment d’accomplissement que nous sommes fiers de vous présenter le résultat de nos réflexions.
Le site choisi par le MNBAQ, soit l’emplacement de l’actuel pavillon central qui est l'image de l’institution depuis des années, est en tension entre plusieurs éléments possédant chacun une personnalité forte et bien définie. Les pavillons Gérard-Morisset et Charles-Baillairgé, l’avenue Wolfe-Montcalm, avec son rond-point et son monument, l’imposant pavillon Lassonde et, à l’arrière, le parc des Champs-de-Bataille sont autant d’éléments qui, à leur façon, se font compétition pour attirer l’œil et l’attention des visiteurs. Dans ce contexte, plutôt que d’ajouter d'un nouvel élément architectural dans l’espace déjà habité, nous avons opté pour une proposition qui assure une présence à la fois discrète et pleine de sens.
Ainsi, notre proposition pour le nouvel Espace Riopelle s'insère avec sensibilité dans son environnement. Avec le prolongement et l'ouverture de l'axe historique de l'avenue Wolfe-Montcalm, on rend le site plus accessible et poreux en le reliant au réseau des parcours piétonniers. Pour y arriver, notre proposition visait à transformer et agrandir le pavillon central afin que l’intervention s’enracine dans les conditions existantes. Le toit de verre est déconstruit, tout comme les deux pointes des portiques qui avaient pour but de la soutenir, libérant ainsi un passage ininterrompu vers les plaines. Ce nouvel espace extérieur devient un parvis public délimité par des parois vitrées offrant, en surplomb, un regard sur l'activité intérieure, et inversement. La hauteur hors-sol du bâtiment confère à cet espace extérieur une échelle humaine, propice aux rencontres et à la détente, tout en dégageant des vues sur les pavillons Charles-Baillairgé et Gérard-Morisset.
La continuité intérieure du musée reste assurée grâce à l’inclinaison de ce nouvel espace public au rez-de-chaussée. Celui-ci permet, en effet, d'intégrer une circulation brève qui sert à canaliser les flux entre le nouveau carrefour Riopelle, le hall et le Pavillon Gérard-Morisset, à orienter la visite et à distinguer les usages. Le carrefour devient ainsi un véritable lieu de convergence largement ouvert sur le hall et le café. De même, une restructuration légère des tunnels desservant les pavillons Lassonde et Charles-Baillairgé permet de fluidifier la circulation vers cette nouvelle centralité.
De ce fait, le carrefour Riopelle devient un véritable lieu d’échanges et d'expérimentation des techniques de l'artiste grâce notamment à la présence d’un petit atelier expérimental. De plus, il devient le point de départ de l'exposition Riopelle qui se prend place dans un nouveau rez-de-jardin localisé au sud, en se prolongeant en contrebas de l'escalier monumental qui lui sert également de gradins. Notre intervention permet ainsi de renforcer le carrefour Riopelle afin qu’il devienne plus qu’un lieu de rencontre au sein du musée, mais un réel lieu de croisement, de fluidité et de visibilité vers l'espace public.
Pour nous, la proposition aura su brouiller les limites entre architecture et nature, entre intérieur et extérieur, entre existant et nouveau, en devenant un lieu qui se situe quelque part entre un bâtiment, un paysage, un objet d’art et un territoire. Notre vision était alimentée par le désir de créer, au service de l’œuvre de Riopelle, un espace généreux, un lieu de rencontre, d’apprentissage et de convergence, ouvert sur la communauté qui, au gré des heures du jour et des saisons changeantes, serait devenu le centre de gravité, le cœur du MNBAQ et un des points focaux de la vie culturelle d’ici.
Par son programme et son site, notre vision était de réaliser un projet en symbiose avec son environnement naturel et bâti, une intervention qui ne peut exister en dehors de son contexte. Mais, d’abord et avant tout, nous avons tenté de créer une brèche ouverte sur un monde de couleurs absolument fantastique, comme un trait d’union immuable entre la population québécoise et l’œuvre colossale de Jean-Paul Riopelle.